La flûte et les griffes...

Nao avait menée Shiho jusqu'aux quartiers animés de la ville. Il commençait à faire sombre, mais les néons multicolores faisaient qu'on y voyait comme en plein jour. Les rues étaient pleines de monde, et Nao se faufilait dans la foule comme un poisson entre les récifs. Elle était dans son élement. Pour ne pas perdre Shiho, elle la tenait non pas par la main, mais par le poignet, geste plus dominateur qu'affectif, pour mettre une relative distance.

Nao se retourna vers Shiho. Son visage était déformé par un horrible sourire mue par une pointe de sadisme.

- Ici je fais tout ce dont j'ai envie... je suis la reine... Et toi, Shiho chan, de quoi tu as envie? Qu'est ce que tu veux faire? Tu peux tout faire ici...

Pour le lui montrer, elle bouscula un type et lui vola habilement son portefeuille.

- C'est moi qui invite... dit-elle en exhibant son larçin.

Shiho était amusée.

Nao avait enlevé son masque de fer. Elle était dans son élément. Le fauve n'avait plus ses chaines, et le coeur de prédateur parlait à présent. La joueuse de flûte aimait cet instinct. Le caractère affirmé de cette drôle d'arraignée.
-ce que je veux... fit elle dans un murmure, émerveillée par la ville et ce qui y grouillait.

Elle se laissa portée par le courant.

- C'est vaste, jpense bien. Autant te montrer un échantillon...

Nao riait, et même si c'était durement, au moins elle se laissait un peu aller. Elle traina Shiho jusque devant un bar, n'oubliant pas de faire tomber une fille visiblement pressée en lui faisant un groche-pied. La nuit lui appartenait, Nao était la reine de la ville, et personne ne pouvait l'arrêter quand elle commençait ses frasques nocturnes.

Les deux jeunes filles arrivèrent devant le bar, et Nao disparut un instant, revenant 5 minutes plus tard avec un truc en main, courrant comme une folle, coursée par un type au visage griffé.

- Cours Shiho, vite! Rit Nao en lui lançant l'objet, un attaché-case.

La peur? Non, l'adrénaline, cela était tellement grisant. Nao n'avait peur de personne sur son territoire, aussi forts soient-il, Julia la protégeait. Détallant à toute allure, son comportement douteux lui rappella une histoire qu'elle avait lu au collège:

Une femme-araignée qui séduit les hommes pour les dévorer... l'attribution à l'araignée lui seyait à ravir, de même que le sobriquet de "Veuve Noire de Fuuka"...

Maitenant restait à voir comment Shiho danserait sur sa toile, si elle n'en tomberait pas...

Shiho courrait bien vite comme portée par le vent. Elle saisit l'attaché-case, le prit sous le bras et talonait Nao de près en courant.
Le type derrière semblait s'éssoufler.

-Quoi d'autre au menu ? demanda Shiho, soif d'aventure.

Nao ralentit, juste pour faire tomber le type, manquant de chuter dans une bouche d'égout.

- Ha dommage pauvre chéri... ha ha! Débile!

Elle emmena Shiho dans une petite ruelle, utilisant ses griffes pour ouvrir l'attaché-case, fouillant dedans, accroupie. Cela lui plisait de fouler ainsi la vie des gens, jettant par dessus son épaule affaires personnelles comme photos de famille du pauvre homme. Encore une fois, elle vida le portefeuille, puis se tourna vers Shiho.

- Ce gros balourd, tu l'a vu courrir? Minable!

La rousse compta les billets.

- Maintenant c'est à toi de trouver un jeu. On a assez d'argent si tu as envie de quelques chose hein...

-Hmmm... non ! C'est pour le plaisir juste. fit elle un peu ennuyée.
Elle prit le porte feuille, une ribambelle de photos se déroulèrent en accordéon. Des photos plus bof les unes que les autres.
-Quelle vie trépidante...

-Et si on allait se manger un truc ? Ca m'a creusé

Shiho répondait aux critères de Nao, visiblement. Peut-être arriveraient-elles à s'entendre, éventuellement. La rousse emmenna sa camarade de fortune dans un petit coin de sa connaissance, une gargote en plein air dont le patron semblait visiblement connaitre l'étudiante au griffes acérées, puisqu'il la salua rapidemement, comme confus, et leur donna le plus vite possible les menus.

- Oublie pas ce que tu m'a promis, Kenshiro...

L'homme déglutit minablement, avant de donner à Nao une bouteille de Saké. Elle regarda l'étiquette, et fit juste un sourire, se tournant vers Shiho.

- Alors Miss, qu'est ce qu'on mange?

-Ramen... ca me parait bien ! fit elle, les yeux envieux.
-On pourra arroser ca de saké aussi.

Shiho avait bien vu le regard de conivence entre Nao et le restaurateur. Elle souria, admirative du nombre de fil que Nao avait pu tisser dans toute cette ville ainsi que Fuuka même. Une énorme toile de ramifications multiples et infinies devaient s'étendre d'un point central, Nao, de part et d'autre.
Des fils parfois minces, parfois épais et tranchant comme du diaman.

- Moi comme d'hab. Yakitori.

Nao sourit en coin à Shiho, ouvrant la bouteille de saké. Elle se dit que peut-être, c'était un moment à arroser, qui sait... elle servit Shiho, puis remplit son propre verre. A vrai dire, Nao n'avait que rarement, pour ne pas dire jamais bu d'alcool. L'occasion d'essayer, juste pour braver les interdit, mais pas perdre le contrôle. Elle détestait cela...

Etrangement, les deux jeunes Hime furent servies avant ceux qui avaient commandé avant elles, le cuisiner se dépèchant comme un beau diable, alors que Nao le regardait suer, l'air triomphante, dominatrice. Les gens, surtout les hommes étaient des pantins si faciles à dominer. C'était la nuit, c'était son monde, bien loin de la gentillesse de mai, de l'altruisme de Midori ou de l'innocence de Mikoto. Tout cela, non pas qu'elle l'ai perdu... mais elle ne l'avait jamais eut, simplement. La rousse leva son verre de saké, ricanant un peu de la situation.

- Je n'ai pas besoin qu'on m'aime, pourvu qu'on me craigne. C'est une relation plus contrôlable.

Puis elle but cul-sec.

Shiho se contenta de brandir son verre.
-Et t'as pas peur que quelqu'un te défit ? Comme...comment elle s'appelle déjà... Niaa... Fudjino ?

La jeune aux cheveux roses avait mis un pavé dans la marre. Au final elle n'a jamais vraiment su, que par les conversations vagues de Natsuki et de Mai, ce que Nao avait subi face à la puissance de l'Hime Shizuru.

Elle la regarda intérogative, le verre de saké à la main.

Nao se tourna lentement vers Shiho... et lui sourit honetement, quoiqu'un peu tristement.

- Je n'ai plus personne, je m'en fiche de mourrir.

La rousse avait parler sérieusement. Elle ne dit plus rien, se contentant de manger ses brochettes en silence, comme si elle songeait à quelques chose.

- Personne ne me regrettera, alors jm'en fiche. Fujino n'a qu'à venir, Kuga aussi si elle veut, je les attend, et avant de mourrir je lui creverais les yeux à cette pantsu addict, jme l'suis promis. Je le jure sur la tête de Julia.

Nao réflechit, jouant un peu avec le ruban que Shiho avait jetté. Dans sa tête était en train de germer la grain d'un plan audacieux pour se venger de Kuga... Shiho serait un parfait petit appat... Mais le temps n'était pas encore à l'execution de son plan, qui devait mûrir un peu...

Shiho parut un peu surprise. S'en ficher de mourir, si jeune, c'est que vraiment Nao devait être désespérée.
-Tu crois vraiment ça. Ya des gens que tu soupçonne peut-être pas qui tiennent à toi.

Puis elle continua de manger son bol de ramen tranquillement.

Après avoir fini, elle se tourna vers la rouquine.
-Moi j't aime bien, Yuuki.

L'air sombre, Nao ne dit rien, regardant les restes de son repas. Elle n'avait brusquement plus faim.

- Jles soupsonne pas mais ils ne se soupsonnent pas non plus visiblement. Personne ne veux de moi, point.

Une petite gorgée de Saké, et la rousse s'agaçait un peu plus.

- Ha ouais tu m'aime bien? Et si jdevenais méchante avec toi maintenant, juste pour m'amuser, ça te plairais encore? Jpeux changer d'avis comme de chemise, je suis une garce, une adolescente perturbée, une moins que rien... c'est ce que tout le monde pense et c'est ce que je leur donne!

Elle toussa. Un fille de son âge ne pouvait pas boire autant qu'elle avait pensé. La Hime posa sa tête contre le bar, un peu saoûle.

- Je suis trop dérangée pour qu'on m'aime vraiment. Jvais crever seule comme ma mère.

Shiho avait terminé son repas, elle posa ses 2 baguettes de bois sur les bords, s'inclina, et s'essuya la bouche avec sa serviette en papier délicatement. Elle murmura.
-De toute façon, tout le monde dépend de tout le monde. Tu ne peux jamais être détachée des gens, t'en as besoin inconsciement. Même si c'est un ressenti malsain. La peur d'être toute seule avec soi. Crois-moi, si t'étais seule, tu parlerais pas de vengeance. La vraie solitude c'est l'indifférence à tout. Même à Kuga et pantsu addict.

Elle se tourna vers Nao, l'air sérieux.
-Si c'est ce que tu veux, tu creveras seule.

Elle sauta de son tabouret, et arrangea sa jupe.
-Allons te dégourdir tes griffes, Yuuki. .

Nao se leva, ne mettant pas un yens sur le bar. Rien à faire, le tenancier fermerait sa gueule. A vrai dire, Shiho l'agaçait, et elle tituba un peu. Cette gamine lui faisait la morale! Elle serra poings et dent, la rejoignant tout de même.

- Rien à carrer des gens! Et c'est normal que je veuille me venger, je suis pas du genre à me laisser faire!

Nao plissa les yeux, la colère montant en elle, dardant son regard sur Shiho, comme si elle allait la mordre.

- Tout le monde me fais la morale, j'en ai sérieusement marre... je vous ai rien demandé, jamais. Laissez moi juste vivre comme je veux. Si je veux être seule c'est mon problème. Et j'en ai marre de dégourdir mes griffes sur des minables...

Nao releva la tête, et serra les dents au point de se faire saigner une lèvres, s'essuyant du revers de la main. C'était stupide, complètement stupide ce qu'elle faisait. Ca la menait droit dans le mur. La rousse regarda Shiho; elle s'était laissée approché si rapidement... Cette fille était une Hime, peut-être une ennemie qui chercherait à lui nuire.

- Tu m'aura pas comme ça...

Elle s'était laissée approché si facilement... si rapidement... une certaine peur la saisit, et elle fuit sans se retourner, sans trop savoir où elle irait. En courant, Nao bouscula Natsuki, la reconnaissant rapidement, mais prenant la fuite malgré tout, comme si elle avait une nuée d'Orphans aux trousses...

Elle voulait se battre, mais ne savait pas contre qui. Elle voulait se faire apprécier, mais ne savait pas de qui. Elle avait peur, mais ne savait pas de quoi...

Nao avait courrut surtout pour s'éloigner d'une personne qui lui avait dit avoir une petite affection pour elle. Mensonge... mensonge! La jeune fille arriva dans une ruelle sans issue, et se colla à un mur pour rendre. Ca faisait vraiment mal. Elle devait se reprendre, là elle ne faisait rien d'intelligent... aller, un moment d'abandon et c'est reparti. Pleurer un peu ça soulage.

Elle pleura un moment accroupie, la tête contre le mur, avec la forte envie de se la cogner contre. La jeune fille pensait à sa mère, à ses dernières paroles: "trouve comment vivre sans moi, comment te faire accepter." Elle n'était qu'une adolescente perturbée en mal de reconnaissance...

- Hey, est-ce que ça va? Demanda un homme qui était entrée dans la ruelle.

Les pupilles de Nao s'étrécirent, et ses griffes apparurent sur ses mains sans qu'elle réfléchisse, se redressant. Une bonne insulte, des cris et de la peur, voilà de quoi elle avait besoin. Julia, sa Julia, auprès d'elle. Pour se sentir forte.

- J... Jul...

- Ca va?

Les griffes de Nao se rétractèrent avec son envie de faire du mal à ce type. Pas le temps pour ce genre de conneries. Elle détala en courrant.

Kuga. Cette fille était toujours dans les mauvais plan, autant cherche rà la retrovuer. Nao avait accroché un de ses fils à la Hime, et le suivit comme l'araignée qu'elle était. Il fallait qu'elle se mèle au autres Hime, même si c'était difficile ou douloureux.

Pour le moment, il fallait retrouver les autres...